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21. César, en exhortant les siens de tout son pouvoir à tenir ferme
sur le pont et aux retranchements, courut le même danger. Quand il
les vit tous plier, il se retira sur sa galère. Mais comme beaucoup de
monde s'y précipitait après lui, et que cette foule empêchait de
manœuvrer et de s'éloigner de terre, prévoyant ce qui allait arriver, il
se jeta à la mer et gagna à la nage les vaisseaux qui étaient restés
plus loin. De là il envoya des chaloupes au secours des siens et en
sauva plusieurs. Mais pour ce qui est de sa galère, trop chargée, elle
s'enfonça et périt avec tous ceux qui étaient dessus. Nous perdîmes
dans ce combat environ quatre cents légionnaires et un peu plus de
rameurs et de matelots. Les Alexandrins, aussitôt après, fortifièrent le
château par des ouvrages considérables et par toutes sortes de
machines, et, déblayant l'arche que nous avions comblée, ils
assurèrent un libre passage à leurs vaisseaux.
22. Nos soldats, loin de se laisser abattre par cet échec, n'en furent
que plus ardents et plus animés, et redoublèrent d'efforts pour
enlever les retranchements de l'ennemi ; et dans les combats
journaliers qu'amenait le hasard, si les Alexandrins faisaient quelque
sortie ....... Rien n'égalait le zèle de nos soldats. C'était au point que
les proclamations de César étaient au-dessous de l'ardeur que les
légions montraient pour travailler ou pour se battre, et qu'on avait
plus de peine à les contenir et à les détourner des actions les plus
périlleuses, qu'à les animer au combat.
23. Les Alexandrins voyant que les Romains ne se laissaient pas
amollir par le succès, et que les revers ne servaient qu'à les exciter ;
n'espérant pas retrouver une occasion plus favorable que les deux
précédentes ; agissant, à ce qu'il est permis de supposer, soit d'après
le conseil des partisans du roi qui étaient auprès de César, soit
d'après leur propre pensée qu'ils avaient communiquée au roi par des
envoyés secrets et qui avait obtenu son approbation, députèrent vers
César pour lui demander de laisser aller leur roi et de le rendre à ses
sujets : ajoutant que toute la nation, fatiguée du gouvernement d'une
jeune fille qui n'avait qu'une autorité précaire, et de la cruelle
domination de Ganymède, était disposée à se soumettre aux ordres
du roi ; et que s'il leur conseillait de donner à César leur foi et leur
dévouement, aucune crainte ne serait capable de les empêcher de se
rendre à lui.
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