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rangs, et dix à quatre rangs : le reste était au-dessous de cette
grandeur et la plupart découvertes. Néanmoins, se fiant au courage
de ses troupes, il se préparait à combattre.
14. Quand on en fut venu au point de compter chacun sur ses forces,
César fait faire à sa flotte le tour du Phare, et paraît en bataille devant
l'ennemi. Il place les Rhodiens à l'aile droite, et ceux du Pont à la
gauche. Entre les deux ailes il laisse un espace de quatre cents pas,
lequel lui a paru suffisant pour la manœuvre. Derrière cette ligne il
place en réserve les autres vaisseaux, désignant expressément à
chacun d'eux celui qu'il doit suivre et soutenir. Les Alexandrins, de
leur côté, se présentent en bataille avec une égale résolution. Ils
placent sur le front vingt-deux galères à quatre rangs, et les autres
sur la seconde ligne comme auxiliaires. Ils disposent en outre une
grande quantité de petits vaisseaux et de barques remplies de
torches et de joncs enduits de soufre, dans l'espoir de nous effrayer
par leur nombre, leurs cris et la flamme. Entre les deux flottes se
trouvait un passage étroit plein de bancs de sable qui font partie de
l'Afrique ; car les Égyptiens ont coutume de dire que la moitié
d'Alexandrie appartient à l'Afrique. Chacun attendit assez longtemps
quo l'autre le franchît le premier ; parce que celui qui entrerait devait
avoir plus de peine à développer sa flotte, et, en cas d'accident, à
opérer sa retraite.
15. Les vaisseaux rhodiens étaient commandés par Euphranor, que
sa grandeur d'âme et son courage rendaient plus comparable à nos
hommes qu'aux Grecs. Son habileté et sa valeur bien connues
l'avaient fait choisir par les Rhodiens pour être à la tête de la flotte. Il
s'aperçut de l'hésitation de César : "Tu me parais craindre, dit-il,
qu'en entrant le premier dans ces passages, tu ne sois obligé de
combattre avant d'avoir pu déployer toute ta flotte. Confie-nous ce
soin ; nous soutiendrons le combat sans tromper ton attente, jusqu'à
ce que le reste des vaisseaux soit passé. Nous aurions trop de honte
et de douleur à voir plus longtemps ces gens-là nous braver en face."
César, après l'avoir encouragé et comblé d'éloges, donne le signal du
combat. Quatre vaisseaux rhodiens s'avancent par-delà le détroit ;
les Alexandrins les enveloppent et se précipitent sur eux. Les nôtres
soutiennent le choc et, par une manœuvre habile, se dégagent ; et ils
y mettent tant d'adresse que, malgré l'inégalité du nombre, aucun
n'expose le flanc, aucun ne perd ses rames, mais que tous
présentent toujours la proue à l'ennemi. Cependant le reste de la
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