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était resté à bord. César donna l'ordre de fortifier le pont du côté de
l'ennemi et de combler avec des pierres l'arche par où passaient les
vaisseaux. Ce dernier ouvrage achevé, aucune chaloupe ne pouvait
plus sortir. À l'égard du premier, à peine l'eut-on commencé, que
toutes les troupes des Alexandrins s'élancèrent hors de la ville, et
vinrent se placer dans un endroit spacieux, en face des
retranchements du pont. En même temps ils firent approcher vers la
digue les brûlots qu'ils avaient coutume de lancer par les ponts pour
mettre le feu à nos vaisseaux de charge. Nos soldats combattaient du
haut du pont et de la digue ; l'ennemi, de la place en face du pont, et
des vaisseaux près de la digue.
20. Tandis que César, ainsi occupé, exhortait les soldats, un grand
nombre de nos rameurs et de nos matelots sortant des longs navires
se jetèrent sur la digue. Chez les uns, c'était curiosité, chez les
autres, désir de combattre. D'abord ils écartèrent de la digue les
vaisseaux ennemis à coups de pierres et de frondes, et il sembla que
la multitude de leurs traits produisait beaucoup d'effet. Mais quelques
Alexandrins qui avaient osé sortir de leurs vaisseaux les ayant pris en
flanc, de même qu'ils s'étaient avancés sans raison, ils
commencèrent à fuir à la hâte vers leurs vaisseaux sans suivre leurs
enseignes ni garder de rang. Enhardis par leur fuite, les Alexandrins
sortirent en plus grand nombre et pressèrent plus vivement nos gens
effrayés. En même temps ceux de nos soldats qui étaient restés sur
les galères retiraient les échelles et se hâtaient de gagner le large
dans la crainte de tomber au pouvoir des ennemis. Troublés par tout
ce désordre, les soldats de nos trois cohortes qui étaient placés à la
tête de la digue et du pont, entendant derrière eux de grands cris,
voyant la fuite des leurs et accablés d'ailleurs d'une grêle de traits,
craignirent d'être enveloppés et de perdre tout moyen de retraite si
nos vaisseaux s'éloignaient ; ils abandonnèrent les fortifications
commencées à la tête du pont, et coururent de toutes leurs forces
vers les vaisseaux. Les uns, ayant gagné les plus proches, les firent
couler à fond par leur nombre et leur poids ; les autres, qui tenaient
bon, incertains du parti qu'il fallait prendre, furent tués par les
Alexandrins ; quelques-uns, plus heureux, ayant pu atteindre les
vaisseaux qui étaient à l'ancre, se sauvèrent sains et saufs ; un petit
nombre se débarrassant de leurs boucliers et résolus à tout risquer,
gagnèrent à la nage les vaisseaux voisins.
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