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l'approche  de Mithridate et sachant qu'il devait passer  ce fleuve,
            envoya contre lui de nombreuses troupes qu'il croyait suffisantes
            pour vaincre et détruire Mithridate, ou tout au moins pour l'arrêter. Or,
            bien qu'il  désirât le vaincre, il  lui  suffisait de l'empêcher de joindre
            César. Les premières troupes qui purent passer le fleuve et
            rencontrer Mithridate, se hâtèrent de l'attaquer pour ne  pas avoir à
            partager avec les autres l'honneur de la victoire. Mithridate, qui avait
            eu la prudence de se retrancher selon notre  coutume, soutint leur
            choc ; ensuite, quand il les vit approcher des  retranchements sans
            précaution et sans ordre, il fit une sortie générale, et en tua un grand
            nombre. Et si  la connaissance  des lieux,  ou les vaisseaux sur
            lesquels ils avaient passé le fleuve, n'eussent sauvé les autres, ils
            auraient été complètement détruits. Toutefois, remis un peu de leur
            frayeur, ils se réunirent aux troupes qui les suivaient, et revinrent
            attaquer Mithridate.

            28. Mithridate envoie avertir César de ce qui s'est passé ; Ptolémée
            en est également instruit par les siens. L'un et l'autre partent à peu
            près en même temps ; le roi, pour accabler Mithridate ; César, pour le
            soutenir. Le roi abrégea sa route  en s'embarquant sur le Nil, où il
            avait une grosse flotte toute prête.  César ne voulut pas prendre la
            même route, dans la crainte d'avoir à combattre sur le fleuve ; mais,
            prenant un détour par mer le long de cette côte que l'on dit faire
            partie de l'Afrique, comme nous l'avons remarqué plus haut, il parut à
            la vue des troupes royales, avant qu'elles  n'eussent commencé
            l'attaque, et joignit Mithridate vainqueur, et son armée intacte. Le roi
            avait établi son camp sur une hauteur fortifiée par la nature, qui
            dominait la plaine de toutes parts, et était couverte de trois côtés par
            différentes sortes de défense. L'un de ces côtés était appuyé au Nil ;
            l'autre formait la partie la plus élevée de la hauteur ; le troisième était
            bordé par un marais.

            29. Entre le camp du roi et le chemin suivi par César, coulait une
            rivière étroite, mais aux bords escarpés, qui se déchargeait dans le
            Nil. Elle était éloignée du camp royal d'environ sept mille pas. Quand
            le roi  eut appris que César venait de ce côté, il envoya toute  sa
            cavalerie et l'élite de son infanterie légère, pour l'empêcher de passer
            la rivière, et l'attaquer  de la rive avec avantage ; car, dans cette
            situation, le courage ne servait de rien et la lâcheté n'avait rien à
            craindre. Mais nos soldats,  cavaliers et fantassins, étaient
            désespérés de voir les Alexandrins oser  tenir si  longtemps devant

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