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et de gagner cette hauteur : il avait mis à leur tête Carfulénus,
            homme non moins distingué par son grand cœur, que par ses talents
            militaires. Dès qu'elles furent arrivées, comme elles trouvèrent peu de
            résistance  et qu'elles  combattirent avec vigueur, les Alexandrins,
            effrayés par les cris qui s'élevaient de divers points, et par cette
            attaque inopinée, se mirent à fuir partout dans le camp. Animés par
            ce désordre, les nôtres forcèrent presque en même temps tous les
            quartiers ; déjà la hauteur avait été enlevée, et nos gens, tombant de
            là sur les ennemis, en avaient fait un grand carnage. La plupart des
            Alexandrins, pour fuir le péril, se précipitèrent en foule du haut des
            remparts du côté qui joignait le fleuve. Les premiers, ayant été
            écrasés en grand nombre dans le fossé, facilitèrent la fuite des
            autres. Il est certain que le roi lui-même prit la fuite, et se jeta dans un
            vaisseau ; mais la quantité de ceux qui gagnaient à la nage les
            navires les  plus rapprochés, fit  couler à fond  ce vaisseau, et le roi
            périt.

            32. Après un si prompt et si heureux succès,  César, comptant sur
            l'effet d'une pareille victoire, se rendit à Alexandrie avec sa cavalerie,
            par le plus court chemin de terre, et entra en vainqueur par le côté
            que l'ennemi occupait. Et il ne se trompa point dans l'idée qu'il eut,
            qu'après la nouvelle de ce combat, les ennemis ne penseraient plus à
            la guerre. Il recueillit à son arrivée le digne fruit de son courage et de
            sa grandeur d'âme ; car tous  les habitants ayant jeté  leurs armes,
            abandonné leurs retranchements, pris des habits de suppliants
            comme font ceux qui  veulent implorer la grâce du vainqueur, et
            précédés de ce qu'ils avaient de plus sacré, comme  quand ils
            voulaient apaiser la juste colère de leurs rois, vinrent au devant de
            César, et se livrèrent entre ses  mains. César, après avoir accepté
            leur soumission et les avoir rassurés, se rendit à travers les
            retranchements ennemis dans les quartiers de ses troupes,
            lesquelles se réjouissaient non seulement de sa victoire qui terminait
            la guerre, mais aussi de son heureux retour.

            33. César, maître de l'Égypte et d'Alexandrie, y établit pour rois ceux
            que Ptolémée avait désignés par  son testament, en suppliant le
            peuple romain de n'y rien changer. En effet, le roi, qui était l'aîné des
            deux fils, étant mort, il donna la couronne au plus jeune et à l'aînée
            des filles, Cléopâtre, qui, fidèle au parti de César, n'avait point quitté
            le quartier qu'il occupait. À l'égard d'Arsinoé, la plus jeune, sous le
            nom de laquelle Ganymède, ainsi  que nous l'avons rapporté, avait

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