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eux. C'est pourquoi les cavaliers Germains, qui étaient allés çà et là
            chercher un gué, passèrent la rivière à un endroit où les bords en
            étaient moins escarpés ; et en même temps les légionnaires, après
            avoir abattu de grands arbres, qu'ils jetèrent d'un bord à l'autre, en les
            couvrant de terre à la hâte, atteignirent la rive qu'occupaient les
            ennemis. Ceux-ci craignirent si fort leur attaque, qu'ils  cherchèrent
            leur salut dans la fuite : mais ce fut inutilement ; car peu de fuyards
            purent gagner le camp du roi ; presque tout le reste fut tué.

            30. César, après ce brillant succès, ne doutant pas que son arrivée
            subite ne répandît la terreur parmi les Alexandrins, marcha aussitôt
            en vainqueur sur le camp du roi. Mais le voyant entouré d'ouvrages
            considérables, bien fortifié par la nature, et défendu par des troupes
            nombreuses qui en bordaient les retranchements, il ne voulut pas
            exposer à  cette attaque des  soldats que  la  marche et le combat
            avaient fatigués. Il campa donc à peu de distance de l'ennemi. Le
            jour suivant, il fit attaquer, par toutes ses troupes, un château que le
            roi avait fortifié dans un village voisin de son camp, et réuni à ce
            camp par une ligne de communication pour ne pas perdre le village ;
            et il l'emporta. Ce n'est pas qu'il ne crût pouvoir réussir avec moins de
            monde ; mais il voulait  effrayer les Alexandrins par cette victoire et
            attaquer aussitôt le camp du roi. En conséquence, du même pas que
            nos soldats poursuivirent les Alexandrins fuyant du château au camp,
            ils arrivèrent aux retranchements et commencèrent à combattre de là
            avec ardeur. Ils ne pouvaient attaquer que par deux endroits, ou par
            la plaine dont l'accès  était libre,  on par un  espace de  médiocre
            étendue qui séparait le camp du Nil. Les plus nombreuses et les
            meilleures troupes de l'ennemi défendaient le côté dont l'accès était
            le plus facile. Celles qui gardaient le côté du Nil pouvaient aisément
            nous repousser et nous blesser ; car nous étions accablés, de front,
            par les traits des remparts ; et à revers, du côté du fleuve, nous
            étions harcelés par de nombreux vaisseaux remplis d'archers et de
            frondeurs.

            31. César voyait que ses troupes ne pouvaient combattre avec plus
            de bravoure ; et que pourtant elles faisaient peu de progrès à cause
            du désavantage du terrain. S'étant aperçu que la partie la plus élevée
            du camp ennemi était dégarnie de troupes,  soit parce  qu'elle se
            défendait d'elle-même,  soit parce  que les uns, par curiosité, les
            autres par le désir de combattre, l'avaient abandonnée pour courir au
            lieu où se passait l'action, il ordonna aux cohortes de tourner le camp

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