Page 17 - Microsoft Word - La guerre de pacification.doc
P. 17
eux. C'est pourquoi les cavaliers Germains, qui étaient allés çà et là
chercher un gué, passèrent la rivière à un endroit où les bords en
étaient moins escarpés ; et en même temps les légionnaires, après
avoir abattu de grands arbres, qu'ils jetèrent d'un bord à l'autre, en les
couvrant de terre à la hâte, atteignirent la rive qu'occupaient les
ennemis. Ceux-ci craignirent si fort leur attaque, qu'ils cherchèrent
leur salut dans la fuite : mais ce fut inutilement ; car peu de fuyards
purent gagner le camp du roi ; presque tout le reste fut tué.
30. César, après ce brillant succès, ne doutant pas que son arrivée
subite ne répandît la terreur parmi les Alexandrins, marcha aussitôt
en vainqueur sur le camp du roi. Mais le voyant entouré d'ouvrages
considérables, bien fortifié par la nature, et défendu par des troupes
nombreuses qui en bordaient les retranchements, il ne voulut pas
exposer à cette attaque des soldats que la marche et le combat
avaient fatigués. Il campa donc à peu de distance de l'ennemi. Le
jour suivant, il fit attaquer, par toutes ses troupes, un château que le
roi avait fortifié dans un village voisin de son camp, et réuni à ce
camp par une ligne de communication pour ne pas perdre le village ;
et il l'emporta. Ce n'est pas qu'il ne crût pouvoir réussir avec moins de
monde ; mais il voulait effrayer les Alexandrins par cette victoire et
attaquer aussitôt le camp du roi. En conséquence, du même pas que
nos soldats poursuivirent les Alexandrins fuyant du château au camp,
ils arrivèrent aux retranchements et commencèrent à combattre de là
avec ardeur. Ils ne pouvaient attaquer que par deux endroits, ou par
la plaine dont l'accès était libre, on par un espace de médiocre
étendue qui séparait le camp du Nil. Les plus nombreuses et les
meilleures troupes de l'ennemi défendaient le côté dont l'accès était
le plus facile. Celles qui gardaient le côté du Nil pouvaient aisément
nous repousser et nous blesser ; car nous étions accablés, de front,
par les traits des remparts ; et à revers, du côté du fleuve, nous
étions harcelés par de nombreux vaisseaux remplis d'archers et de
frondeurs.
31. César voyait que ses troupes ne pouvaient combattre avec plus
de bravoure ; et que pourtant elles faisaient peu de progrès à cause
du désavantage du terrain. S'étant aperçu que la partie la plus élevée
du camp ennemi était dégarnie de troupes, soit parce qu'elle se
défendait d'elle-même, soit parce que les uns, par curiosité, les
autres par le désir de combattre, l'avaient abandonnée pour courir au
lieu où se passait l'action, il ordonna aux cohortes de tourner le camp
23