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gaulois qui  lui parurent les plus propres à son dessein : puis, pour
            faire diversion, il fit attaquer par  ses galères l'autre côté de l'île,
            promettant de grandes récompenses à celui qui s'en rendrait maître
            le premier. D'abord les ennemis soutinrent notre attaque avec un
            courage égal au nôtre ; ils combattaient à la fois du haut des toits des
            maisons et de dessus le rivage, dont nos gens avaient de la peine à
            approcher à cause de l'escarpement de la côte ; et ils défendaient
            l'étroite entrée du havre avec des esquifs et  cinq vaisseaux longs
            qu'ils manœuvraient avec adresse. Mais lorsque après avoir reconnu
            les lieux et sondé les gués, quelques-uns des nôtres eurent pris terre
            et eurent été suivis par d'autres, et que tous ensemble ils attaquèrent
            avec vigueur ceux des  ennemis qui se tenaient sur le rivage, tous
            ceux du Phare tournèrent le dos, abandonnèrent la garde du port, et,
            s'étant approchés du rivage et du bourg, sortirent des vaisseaux pour
            défendre les maisons.

            18. Mais ils ne purent tenir longtemps dans leurs fortifications,
            quoique, toute proportion gardée, leurs maisons fussent à peu près
            dans le genre de celles d'Alexandrie ; que leurs hautes tours, qui se
            touchaient, leur tinssent lieu de rempart, et que les nôtres n'eussent
            ni échelles, ni claies, ni rien de ce qu'il faut pour un siège, mais la
            peur ôte le jugement et les forces, comme il arriva alors. Ces mêmes
            hommes, qui prétendaient nous résister sur un terrain égal et uni,
            consternés  de la fuite  de leurs  concitoyens et de la mort d'un petit
            nombre, n'osèrent nous attendre dans des maisons hautes de trente
            pieds ;  ils  se précipitèrent du haut de la digue dans la mer, et
            gagnèrent, à la nage, la ville qui était à huit cents pas de distance.
            Cependant beaucoup d'entre eux furent tués ou pris ; le nombre des
            prisonniers s'éleva à six cents.

            19. César, ayant accordé le butin aux soldats, abandonna les
            maisons au pillage, fortifia le château bâti en face du pont le plus
            voisin du Phare, et y mit une garde : les habitants du Phare l'avaient
            évacué. L'autre pont, mieux fortifié et plus rapproché de la ville était
            défendu par les Alexandrins. Mais le lendemain, César l'attaque de la
            même manière, comptant qu'une fois maître de ces deux postes, il
            pourrait interdire aux ennemis toute excursion maritime et empêcher
            leurs brigandages soudains. Déjà, de dessus les vaisseaux, avec les
            machines et les flèches, il  les avait chassés du pont et repoussés
            dans la ville ; trois cohortes environ avaient été débarquées, le lieu
            étant trop étroit pour en contenir davantage : le reste de ses troupes

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