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le vent contraire s'étant adouci, César ramena dans Alexandrie ses
vaisseaux de transport, remorqués par sa flotte victorieuse.
12. Ce qui désespéra surtout les Alexandrins, c'est qu'ils se voyaient
vaincus, non par le courage de nos soldats, mais par la seule
adresse de nos matelots..... . Ils résolurent de se défendre du haut
des édifices, et firent des retranchements avec tout ce qu'ils purent
trouver, tant ils avaient peur que notre flotte ne vînt les attaquer
jusque sur terre. Cependant, lorsque Ganymède eut promis, dans le
conseil, de remplacer les vaisseaux qu'on avait perdus, et même d'en
augmenter le nombre, ils se mirent à travailler avec ardeur, et à
radouber les vieux vaisseaux avec plus de zèle et de confiance que
jamais ; et quoiqu'ils en eussent perdu plus de cent dix, soit dans le
port, soit dans les arsenaux, ils ne renoncèrent pas au projet de
recomposer leur flotte ; car ils voyaient bien que, s'ils étaient les plus
forts sur mer, ils empêcheraient César de recevoir ni vivres ni
secours. D'ailleurs, habitués à la navigation, nés dans une ville et
dans un pays maritimes, exercés dès l'enfance à la vie de mer, ils
désiraient recourir à cet élément qu'ils considéraient comme un bien
naturel et domestique, et ils sentaient l'avantage qu'ils auraient avec
leurs petits vaisseaux. Aussi s'appliquèrent-ils de tout cœur à
préparer leur flotte.
13. Il y avait à toutes les bouches du Nil des vaisseaux placés là pour
exiger les droits d'entrée. Il y avait aussi, au fond de l'arsenal royal,
de vieux bâtiments qui n'avaient point servi depuis plusieurs années.
On radouba ces derniers, et l'on fit venir les autres à Alexandrie. On
manquait de rames ; les portiques, les gymnases, les édifices publics
furent découverts, et l'on eut des rames avec la charpente : l'industrie
naturelle des habitants et la richesse de la ville suppléèrent à tout. Il
ne s'agissait pas d'ailleurs d'une longue navigation ; ils voulaient
seulement pourvoir à la nécessité présente et se mettre en état de
combattre dans le port. Aussi, en peu de jours et contre l'attente
générale, ils eurent vingt-deux galères à quatre rangs et cinq à cinq
rangs, auxquelles ils en ajoutèrent beaucoup d'autres de moindre
importance et découvertes ; et, après les avoir essayées à la rame,
dans le port, ils les chargèrent de soldats choisis, et se munirent eux-
mêmes de toutes les choses nécessaires pour livrer combat. César
n'avait que neuf galères de Rhodes (car des dix qu'on lui avait
envoyées, une s'était perdue sur la côte d'Égypte), huit du Pont, cinq
de Lycie, douze d'Asie. Dans le nombre il y en avait cinq à cinq
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