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contraires la retinrent longtemps et qu'elle vint à manquer d'eau, elle
dépêcha à César un vaisseau léger pour l'avertir de ce qui se passait.
10. César voulant voir par lui-même ce qu'il avait à faire, monta sur
un navire et se fit suivre de toute sa flotte, sans toutefois emmener de
troupes avec lui ; car devant s'éloigner à quelque distance, il ne
voulait pas dégarnir ses retranchements. Étant arrivé au lieu que l'on
appelle Chersonèse, et ayant mis à terre ses rameurs pour qu'ils
fassent de l'eau, quelques-uns s'écartèrent trop loin des vaisseaux,
dans le but de piller, et tombèrent entre les mains des cavaliers
ennemis, lesquels surent par eux que César était venu avec sa flotte
et n'avait aucun soldat dans ses vaisseaux. Sur cet avis, nos
ennemis s'imaginèrent que la fortune leur offrait une occasion
magnifique pour un coup décisif ; et en conséquence ils armèrent
tous les vaisseaux qu'ils trouvèrent en état de faire voile et allèrent à
la rencontre de César qui revenait avec sa flotte. Ce jour-là, il était
décidé à ne pas combattre, pour deux motifs : il n'avait pas de soldats
avec lui, et la dixième heure était déjà passée. Or, il considérait que
la nuit donnerait plus de confiance à des hommes sûrs de la
connaissance des lieux, tandis qu'elle lui ôterait à lui-même jusqu'à
l'avantage d'exhorter les siens ; car à quoi servent les exhortations là
où le courage et la lâcheté doivent être également inconnus ? Par ce
motif César fit ranger le plus de vaisseaux possible vers la côte,
estimant que l'ennemi ne viendrait pas l'y chercher.
11. Il y avait un navire rhodien à la droite de césar, assez éloigné du
reste de la flotte. Les ennemis, l'ayant aperçu, ne purent se contenir,
et quatre vaisseaux pontés, ainsi que plusieurs barques découvertes,
vinrent fondre sur lui impétueusement. César fut obligé d'aller à son
secours pour ne pas recevoir en sa présence un honteux affront,
quoique, si un malheur lui fût arrivé, il l'eût regardé comme bien
mérité. Le combat s'engagea avec une grande vigueur de la part des
Rhodiens, qui, s'étant toujours distingués dans les combats de mer
par leur habileté et leur courage, n'hésitèrent pas à soutenir tout le
poids de l'action, surtout dans cette circonstance, afin qu'on ne pût
pas dire que c'était par leur faute qu'on eût reçu un échec. Aussi, le
combat fut-il très heureux. On prit à l'ennemi une galère à quatre
rangs, une autre fut coulée à fond, deux autres complètement
dégarnies ; en outre, un grand nombre d'hommes furent tués sur les
autres vaisseaux. Si la nuit n'eût mis fin au combat, César se serait
emparé de toute la flotte. Ce revers ayant consterné les ennemis, et
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