Page 9 - 2. La guerre civile
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mérité de la république par tant de belles actions, soit exclu de la ville
et des murs : qu'ainsi il songe à son nom dans l'avenir, et pourvoie à
sa sûreté." Effrayé par ces paroles, Attius Varus retire la garnison
qu'il avait amenée, et s'enfuit. Quelques soldats de César,
appartenant aux premiers rangs, le poursuivent et le forcent à
s'arrêter : on en vient aux mains, et Varus est abandonné de ses
troupes : une partie de ses soldats se retirent chez eux, le reste va
joindre César, amenant avec eux prisonnier L. Pupius, premier
centurion, qui avait déjà eu ce même grade dans l'armée de Pompée.
Quant à César, il donne aux soldats d'Attius les éloges qu'ils méritent,
renvoie Pupius, remercie les Auximates, et leur promet de se
souvenir de leur belle conduite.
14. Ces nouvelles étant arrivées à Rome, la terreur y fut si grande,
que le consul Lentulus, qui était venu, d'après un décret du sénat,
ouvrir le trésor pour en tirer de l'argent qu'on devait porter à Pompée,
s'enfuit tout à coup de la ville en laissant le trésor ouvert, parce qu'il
courut un faux bruit que César approchait et que déjà sa cavalerie
avait paru. Marcellus, son collègue, et la plupart des magistrats le
suivirent. Pompée était parti le jour précédent pour aller joindre les
deux légions qu'il avait reçues de César et mises en quartiers d'hiver
dans l'Apulie. On suspendit les levées qui se faisaient dans la ville, et
personne ne se crut en sûreté en deçà de Capoue. À Capoue
seulement on se rassure, on se réunit, on s'occupe d'enrôler les
colons qui y avaient été conduits d'après la loi Julia ; et, comme
César y entretenait une troupe de gladiateurs, Lentulus les rassemble
sur la place publique, leur assure la liberté et leur donne des chevaux
en leur commandant de le suivre ; mais bientôt, averti par ses affidés
que tout le monde blâmait cette mesure, il les distribua dans les
environs de la Campanie pour veiller à la garde des esclaves.
15. César, sorti d'Auximum, parcourut tout le Picénum. Il n'y eut pas
une préfecture de ce pays qui ne l'accueillît avec joie, et ne fournît à
son armée toute espèce de secours. La ville même de Cingulum, que
Labiénus avait fondée et bâtie à ses frais, lui envoie des députés, et
lui promet de faire avec le plus grand zèle tout ce qu'il ordonnera. Il
demande des soldats : on les donne. Cependant la douzième légion
le rejoint. Avec ces deux légions César marche sur Asculum
Picénum. Lentulus Spinther tenait cette place avec dix cohortes. À la
nouvelle de l'arrivée de César, il se hâte d'en sortir, et, après de vains
efforts pour emmener ses cohortes, il est abandonné par la plus
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