Page 11 - 2. La guerre civile
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Pélignus qui la gardaient avec sept cohortes. César y envoie M.
Antoine avec cinq cohortes de la treizième légion. Ceux de Sulmone,
dès qu'ils virent nos enseignes, ouvrirent leurs portes, et tous
ensemble, citoyens et soldats, vinrent avec joie au-devant d'Antoine.
Lucrétius et Attius se jetèrent du haut des murs. Attius, conduit vers
Antoine, demanda d'être envoyé à César. Antoine revient avec Attius
et les cohortes le même jour qu'il était parti. César joint ces cohortes
à son armée, et renvoie Attius sain et sauf. Dès les premiers jours du
siège, César s'occupe de fortifier son camp, fait venir du blé des villes
municipales des environs, et attend le reste de ses troupes. Dans les
trois premiers jours, arrivent vers lui la huitième légion, vingt-deux
cohortes nouvellement levées dans la Gaule, et environ trois cents
cavaliers envoyés par le roi de la Norique. Avec ce renfort, il forme un
autre camp de l'autre côté de la ville : il en donne le commandement
à Curion. Les jours suivants il travaille à entourer la place de
retranchements et de forts. La plus grande partie de ces ouvrages
était achevée presque en même temps que les députés envoyés vers
Pompée étaient de retour.
19. Après avoir lu la lettre, Domitius en cache le contenu et annonce
que Pompée viendra bientôt à leur secours : il les exhorte à ne pas
perdre courage et à tout disposer pour la défense de la ville.
Cependant il a une conférence secrète avec quelques-uns de ses
familiers, et forme le projet de s'enfuir. Comme la contenance de
Domitius démentait son langage, comme il montrait dans sa conduite
moins d'assurance et de fermeté qu'auparavant, et que, contre sa
coutume, il était sans cesse à tenir des conseils secrets avec ses
amis, en évitant de paraître en public, la vérité ne put demeurer plus
longtemps cachée. Au reste, Pompée avait répondu "qu'il n'était pas
disposé à courir une chance si périlleuse ; que ce n'était ni par son
conseil ni par son ordre que Domitius s'était jeté dans Corfinium ;
qu'ainsi il tâchât de venir le joindre avec toutes ses troupes." Mais
cela ne se pouvait ; le siège et la circonvallation de la place ne le
permettaient pas.
20. Le projet de Domitius ayant été divulgué, les soldats qui étaient à
Corfinium se rassemblent sur le soir, et s'entretiennent alors de la
situation avec leurs tribuns, leurs centurions et les principaux d'entre
eux. "Ils sont assiégés par César ; les ouvrages, les fortifications sont
presque entièrement achevés ; leur général Domitius, en qui ils ont
placé leur confiance et leur espoir, les trahit et songe à fuir : c'est
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