Page 7 - 2. La guerre civile
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rendu compte des motifs qui l'amènent, lui annonce "qu'il a été
chargé par Pompée d'une mission particulière : que Pompée désire
justifier sa conduite aux yeux de César, afin que ce qu'il a fait pour le
bien de la république ne lui soit pas imputé à crime ; qu'il a toujours
préféré l'intérêt public à ses affections particulières ; que c'est aussi
un devoir pour César de sacrifier ses passions et ses ressentiments
au bien de l'état, de peur qu'en voulant, dans sa colère, frapper ses
ennemis, il n'atteigne la république." Lucius ajoute quelques mots de
ce genre, tendant à la justification de Pompée. Le préteur Roscius
s'exprime, sur le même sujet, à peu près dans les mêmes termes, et
déclare parler au nom de Pompée.
9. Bien que cette démarche ne parût en rien pouvoir réparer les
anciennes injures, néanmoins, croyant ces deux hommes propres à
rapporter à Pompée ce qu'il avait à lui dire, César les pria, l'un et
l'autre, puisqu'ils s'étaient chargés du message, de vouloir bien aussi
se charger de la réponse ; ils pourraient peut-être, sans prendre trop
de peine, mettre fin à une querelle déplorable et délivrer toute l'Italie
de ses craintes. "Lui aussi, il avait toujours considéré avant tout la
gloire de la république, qui lui était plus chère que la vie : il avait vu
avec douleur que ses ennemis voulussent lui arracher, par un affront,
la faveur du peuple romain, lui ôter les six derniers mois de son
gouvernement et le forcer de retourner à Rome, quoique le peuple
eût autorisé son absence des prochains comices : toutefois, dans
l'intérêt de la république, il avait souffert patiemment ce tort fait à sa
gloire : il avait écrit au sénat pour demander que toutes les armées
fussent licenciées, et n'avait pu l'obtenir ; on faisait des levées dans
toute l'Italie ; on retenait deux légions qu'on lui avait retirées sous
prétexte d'une guerre contre les Parthes : toute la ville était sous les
armes. Tous ces mouvements avaient-ils d'autre but que sa perte ?
Cependant il était prêt à consentir à tous les sacrifices, à tout souffrir
pour l'amour de la république. Que Pompée se rende dans son
gouvernement ; que tous deux licencient leurs troupes ; que chacun
pose les armes en Italie ; que Rome soit délivrée de ses craintes ;
que les comices soient libres, et les affaires publiques remises au
sénat et au peuple romain. Enfin, pour aplanir ces difficultés, pour
arrêter les conditions d'un accord, et les sanctionner par un serment,
que Pompée s'approche ou qu'il se laisse approcher par César : une
entrevue pourra terminer leurs différends."
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