Page 10 - 2. La guerre civile
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grande partie de ses troupes. Laissé en chemin avec un petit nombre
de soldats, il rencontre Vibullius Rufus que Pompée envoyait dans le
Picénum pour y rassurer les esprits. Vibullius, ayant appris de
Lentulus Spinther ce qui se passe dans le Picénum, prend ses
soldats et le laisse aller. Il rassemble, autant que possible, les
cohortes que Pompée avait levées dans les pays voisins ; ayant
rencontré Lucilius Hirrus qui s'enfuyait de Camérinum avec six
cohortes qu'il y avait eues en garnison, il les joint aux siennes ; en
sorte qu'il se trouve en avoir treize. Avec ces troupes il se rend à
grandes journées à Corfinium vers Domitius Ahénobarbus, et lui
annonce que César arrive avec deux légions. De son côté, Domitius
avait levé environ vingt cohortes à Albe, chez les Marses, les
Péligniens, et dans les pays voisins.
16. Après la prise de Firmum, d'où Lentulus s'était sauvé, César fit
rechercher les soldats qui l'avaient abandonné, et ordonna de
nouvelles levées. Pour lui, après s'être arrêté un jour à Asculum, à
cause des approvisionnements, il marche sur Corfinium. Lorsqu'il y
arriva, cinq cohortes envoyées, détachées de la ville par Domitius,
travaillaient à rompre un pont qui était environ à trois milles pas. Là,
un combat s'étant engagé entre les éclaireurs de César et la troupe
de Domitius, celle-ci fut bientôt repoussée loin du pont, et se sauva
dans la ville. César fit passer ses légions, et vint camper sous les
murs de la place.
17. Instruit de ces faits, Domitius dépêcha en Apulie vers Pompée
des hommes qui connaissent le pays ; il leur promet de grandes
récompenses et les charge de lettres par lesquelles il demande
instamment du secours. "Avec deux armées, dit-il, on pourra
aisément enfermer César dans ces défilés et lui couper les vivres.
Mais si Pompée ne vient pas lui-même avec plus de trente cohortes
et un grand nombre de sénateurs et de chevaliers romains, il se
trouvera dans le plus grand péril." En même temps il exhorte ses
troupes, dispose ses machines sur le rempart, et assigne à chacun
son poste : ayant assemblé les soldats, il promet à chacun d'eux
quatre arpents de ses propriétés, et autant à proportion aux
centurions et aux vétérans.
18. Sur ces entrefaites, on apprend à César que ceux de Sulmone,
ville à sept milles de Corfinium, voulaient se donner à lui, mais qu'ils
en étaient empêchés par le sénateur Q. Lucrétius et par Attius
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