Page 14 - 2. La guerre civile
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arrête et l'on amène à César N. Magius de Crémone, commandant
            des ouvriers de Pompée. César le renvoie à Pompée, avec ordre de
            lui dire que, n'ayant pu jusque là conférer avec lui, et devant bientôt
            le  joindre  à  Brindes,  il  importe  à  la  république et  au  salut  commun
            qu'ils aient ensemble une entrevue ; qu'il est, d'ailleurs, bien différent
            de  communiquer  de  loin  et  par  des  tiers,  ou  de  discuter  ensemble
            toutes les conditions.

            25. Bientôt après, il arrive devant Brindes avec six légions, dont trois
            de  vétérans,  et  trois  nouvellement  levées  qu'il  avait  complétées  en
            chemin ;  car,  pour  les  troupes  de  Domitius,  il  les  avait  tout  d'abord
            envoyées de Corfinium en Sicile. En arrivant, il trouve que les consuls
            sont  partis  pour  Dyrrachium  avec  une  grande  partie  de  l'armée,  et
            que Pompée est resté à Brindes avec vingt cohortes. On ne savait
            pas si, en restant, son intention avait été de garder cette place, afin
            de dominer plus facilement toute la mer Adriatique par les extrémités
            de l'Italie et de la Grèce, et de pouvoir ainsi diriger la guerre des deux
            côtés,  ou  s'il  avait  été  retenu  par  le  manque  de  vaisseaux.  César,
            craignant que Pompée ne voulût pas quitter l'Italie, résolut de fermer
            la  sortie  du  port  de  Brindes,  et  d'empêcher  le  service.  Voici  les
            travaux qu'il fit pour cela. Là où l'entrée du port était le plus resserrée,
            il jeta aux deux côtés du rivage un môle et des digues, chose que les
            bas-fonds rendaient facile en cet endroit. Plus loin, comme la digue
            ne pouvait se maintenir à cause de la profondeur des eaux, il plaça, à
            trente pieds des digues, deux radeaux qu'il fixa aux quatre angles par
            des ancres, pour que les vagues ne pussent les ébranler. Quand ces
            radeaux  furent  posés  et  établis,  il  en  ajouta  d'autres  de  pareille
            grandeur, et les couvrit de terre et de fascines, afin qu'on pût marcher
            dessus librement quand il s'agirait de les défendre. Sur le front et sur
            les côtés, il les garnit de parapets et de claies ; et de quatre en quatre
            de  ces  radeaux  il  éleva  des  tours  à  deux  étages,  pour  les  mieux
            garantir de l'attaque des vaisseaux et de l'incendie.

            26. À ces travaux Pompée opposa de grands vaisseaux de transport
            qu'il avait trouvés dans le port de Brindes. Il éleva dessus des tours à
            trois étages, les remplit de machines et de toute sorte de traits, et les
            envoya  contre  les  ouvrages  de  César  pour  rompre  les  radeaux  et
            troubler les travailleurs. Ainsi chaque jour on combattait de loin avec
            les  frondes,  les  flèches  et  les  autres  traits.  Cependant,  malgré  ces
            hostilités,  César  ne  renonçait  pas  à  un  accommodement.  Quoiqu'il
            s'étonnât  que  Magius,  qu'il  avait  dépêché  vers  Pompée  avec  des

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