Page 17 - 2. La guerre civile
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guerre sans nécessité, en affirmant dans le sénat, devant lui et les
autres, sur leur demande, qu'il avait pourvu à tout. Après avoir exhalé
ces plaintes, Caton s'enfuit de son gouvernement.
31. Valérius et Curion arrivent avec leurs troupes, l'un en Sardaigne,
l'autre en Sicile. Ils trouvent ces deux provinces sans commandants.
À l'arrivée de Tubéron en Afrique, la province était occupée par Attius
Varus, qui, comme on l'a dit, après la perte de ses cohortes à
Auximum, s'était retiré en Afrique. N'ayant trouvé personne qui y
commandât, il s'en était emparé, y avait fait des levées, et formé
deux légions ; ce qui ne lui avait pas été trop difficile, connaissant les
hommes et les localités de cette province, dont, peu d'années
auparavant, il avait été gouverneur au sortir de sa préture. II refusa à
Tubéron, qui arrivait avec sa flotte, l'entrée du port et de la ville
d'Utique, ne lui permit pas même de mettre à terre son fils qui était
malade, et le força de lever l'ancre et de se retirer.
32. Cela fait, César, pour donner du repos à ses troupes, les distribue
dans les villes municipales voisines ; quant à lui, il part pour Rome.
Après y avoir assemblé le sénat, il rappelle les outrages de ses
ennemis. "Il n'a, dit-il, sollicité aucune faveur extraordinaire ; il a
attendu le temps prescrit pour briguer le consulat, se contentant de
prendre les voies qui sont ouvertes à tous les citoyens ; et il a été
soutenu par les dix tribuns du peuple, qui, malgré ses ennemis et la
résistance de Caton, accoutumé à perdre le temps en vains discours,
ont ordonné que justice lui fût rendue en son absence, sous le
consulat même de Pompée. Si ce dernier n'approuvait pas le décret,
pourquoi l'a-t-il laissé rendre ? S'il l'approuvait, pourquoi empêcher
César de profiter de la bienveillance du peuple romain ? César parla
de sa modération : il avait demandé de son propre mouvement qu'on
licenciât les armées, quelque tort que cela dût faire à sa
considération et à son honneur. Il montra l'acharnement de ses
ennemis, qui exigeaient de lui une chose à laquelle ils ne voulaient
pas se soumettre, et qui aimaient mieux voir tout bouleverser que de
renoncer au commandement des troupes et au pouvoir. Il représenta
l'injustice avec laquelle on lui avait ôté deux légions, la cruauté et
l'insolence avec laquelle on avait poursuivi les tribuns du peuple, les
offres qu'il avait faites, les entrevues demandées par lui, et refusées.
En conséquence, il priait et conjurait les sénateurs de prendre en
main la république et de la gouverner avec lui. Si la crainte les en
détournait, il ne leur serait pas à charge et gouvernerait seul la
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