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qu’il détenait. Car au départ il pensait à un partage équitable :
moitié, moitié. Et la hiérarchie alors ? Chez les crapules aussi il
y a des règles !
Le chef, originaire de Toulon, était en train de négocier l’achat
d’une vaste propriété avec villa en bord de mer, du côté de
Bandol. Il avait impérieusement besoin de beaucoup d’argent,
plus que ne pouvait lui fournir son salaire de haut fonctionnaire,
malgré de substantielles primes et autres indemnités de
dépaysement. L’affaire lui parut juteuse ; pas de traces, pas
pris ! D’autant plus qu’il pouvait toujours charger son acolyte
en cas de pépin. Parole contre parole il est clair que celle de
Kobiyo ne faisait pas le poids. De plus, il bénéficiait de la
protection de la plus haute autorité du pays, ce qui assurait
pratiquement son impunité, si jamais un improbable coup dur
survenait.
Son directeur lui révéla alors que cet argent tombait à point
nommé pour lui permettre l’acquisition d’une propriété sur la
Côte d’Azur. Kobiyo comprit qu’il y avait mieux à faire que
laisser l’essentiel de ses billets dormir dans un trou ; il fallait
investir : il acheta des appartements, des lots de terrains dans la
capitale économique du pays et en bord de mer ; il fit construire
sur le terrain offert par sa belle-famille une superbe villa dont
une partie était réservée à ses beaux-parents.
Oui Kobiyo s’était marié entre-temps. C’est sa mère qui avait
choisi la perle rare dans son village natal, avalisant ainsi les
recommandations de ses parents. Le couple avait maintenant deux
enfants, des garçons. Les projets ne manquaient pas ; une
palmeraie et une bananeraie figuraient au premier rang des futurs
investissements. Les travaux dans leurs champs avaient été confiés
à des salariés et il avait réussi à caser son frère et sa sœur, dans la
fonction publique où l’on était sûr d’avoir un salaire fixe à la fin de
chaque mois. L’avenir s’annonçait radieux.
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