Page 12 - mbosie
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dans un caveau construit secrètement et aménagé sous le lit de
            sa mère, dans la chambre qu’elle occupait au rez-de-chaussée ;
            de grands carreaux gris foncé, recouvraient le sol, détournant le
            moindre soupçon. Un astucieux mécanisme qu’il était le seul à
            savoir manœuvrer, lui servait de sésame pour ouvrir et fermer
            une  dalle  qui  obstruait  l’accès  au  caveau.  Une  échelle
            escamotable  en  corde  lui  permettait  d’atteindre  le  sanctuaire
            dont  il  était  l’unique  personne  à  connaître  l’existence  et,  par
            conséquent, le contenu.


            Le  fait  de  ne  pas  utiliser  au  grand  jour  toute  sa  puissance
            engendrait  en  lui  une  certaine  frustration  qu’il  évacuait  en
            humiliant ses subordonnés, ses collaborateurs et son personnel
            de  maison  ;  devenu  hautain,  imbu  de  sa  personne,  il  ne
            fréquentait plus que le cercle fermé des gens de son rang. Il était
            parfois invité à des fêtes organisées par ses collègues européens
            ce  qui  enflait  encore  plus  son  ego.  Au  village,  le  château
            désignait  sa  maison  lui-même  était  appelé  :  sa  Suffisance.
            N’empêche qu’en ville, il subissait parfois des vexations de la
            part des Européens qui ne le connaissaient pas ou qui voulaient
            tout simplement l’humilier.


            En homme intelligent, il finit cependant par se persuader que
            cette  tranquillité  n’allait  pas  durer  éternellement  ;  qu’il  était
            temps  de  prendre  des  précautions  supplémentaires,  se  trouver
            une solide couverture et même mieux, un parachute. Il réussit
            alors à corrompre son supérieur hiérarchique en lui suggérant la
            supercherie.  Quelque  temps  après,  il  lui  apportait  une  liste
            secrète tronquée bien sûr et différente de la liste officielle. Ce
            qui finit par convaincre son interlocuteur ; ce dernier décida de
            la part de chacun : 2/3 pour lui et 1/3 pour le complice. Kobiyo
            était  déçu  ;  lui  qui  manipulait  les  uns  et  les  autres  s’estima
            grugé  ; il se félicita de ne pas avoir révélé la liste exhaustive


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