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Le choc des cultures
L’orgueil est un excellent stimulant. Cependant, acoquiné à
l’arrogance et au mépris des autres, il devient vite un dangereux
voire, un pervers conseiller. Bien des gens bouffis d’orgueil se
sont retrouvés en train de mordre la poussière après avoir chuté
du piédestal où leur mauvais conseilleur les avait hissés. Les
conseilleurs ne sont pas les payeurs c’est bien connu !
Le sieur Kobiyo était un homme très important ; il avait gravi
avec beaucoup d’intelligence de travail et de ténacité, un à un les
échelons dans la hiérarchie de l’administration coloniale ; il
occupait maintenant un poste élevé aux Finances, où son
supérieur hiérarchique direct l’administrateur de la région, était
le bras droit du ministre et le beau-frère du gouverneur.
C’était l’un des rares indigènes à atteindre ce grade. Ses
fonctions principales ? D’une part, la perception des impôts dans
la région la plus riche du pays, d’autre part, le recrutement dans
cette région d’une main-d’œuvre destinée aux travaux forcés,
corollaire de l’indigénat. Il s’agissait principalement de la
construction des réseaux routier et ferroviaire du pays, ainsi que
de l’extraction de l’or et du diamant dont regorgeait le sous-sol
de cette partie du territoire.
Cette position lui conférait un énorme pouvoir. Il accordait
moyennant finance des faveurs aux uns, sanctionnait les autres
en majorant arbitrairement leur contribution. Les récalcitrants
risquaient la réquisition immédiate pour la construction du
chemin de fer, qui figurait avec l’exploitation des mines, parmi
les chantiers les plus dangereux.
Toutes les plaintes concernant ses malversations se terminaient
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