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également aidé à construire une pirogue, engin particulièrement
utile pour sillonner la rivière, pêcher, poser et relever les filets.
Une partie des poissons et des crustacés attrapés était vendue et
le reste réservé à la consommation familiale. Lorsque la pêche
était bonne, il installait poissons et crustacés sur une claie dans
la cuisine, au-dessus du foyer ; par beau temps, il les étalait sur
des nattes au soleil ; les poissons ainsi séchés, étaient ensuite en
grande partie vendus ; c’était avec les amandes des manguiers
sauvages l’une de leur source d’argent.
Il y avait aussi la vente du gibier qui leur rapportait des sous. Bokito
était un excellent chasseur, très adroit au tir à l’arc et à la lance.
Comme pour les poissons et crustacés, Bokito utilisait aussi le
séchage comme moyen de conservation des produits de la chasse.
Le fait d’avoir à la maison, de façon quasi permanente de la viande
ou du poisson, était un luxe que beaucoup de familles leur
enviaient, et rendait jaloux ses proches parents. De telle sorte que
ses rapports avec son oncle et ses tantes étaient plus qu’exécrables.
Il est vrai que cela ne datait pas d’hier. Il y avait déjà du vivant de
son père, un lourd contentieux entre les deux frères ; le chef du
village transféra sa haine sur sa belle-sœur et ses enfants.
Bokito était célibataire ; sa mère avait décidé qu’étant donné
qu’il y avait suffisamment de femmes à la maison, il devait
attendre qu’au moins l’une de ses sœurs soit mariée. Cela ne
semblait pas évident. La coutume interdisant les mariages entre
jeunes gens du même village, probablement pour éviter les
problèmes de consanguinité, les filles ne sortant guère du
lieu-dit, ce qui ne facilitait aucunement les rencontres avec les
garçons de l’extérieur. Les rares possibilités d’entrevues
restaient celles des fêtes organisées conjointement ou à tour de
rôle avec d’autres villages, ou alors d’improbables opportunités
à la gare où les filles allaient parfois vendre des fruits ou leur
production d’huile de palme.
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