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Didier apparut. Il venait ouvrir la porte :
- Ah Nino ! Je t’ai reconnu, comment vas-tu ?
Une question de ce genre était embarrassante étant donné les circonstances
mais Didier avec son sourire et sa jovialité ne pouvait pas savoir d’emblée.
Nino pesa ses mots et ne dissimula pas la vérité, pourquoi la cacher ? Toute
vérité n’est pas bonne à dire mais dans sa situation il n’avait plus rien à
perdre que du contraire. Un encouragement, une compréhension de la part
de quelqu’un peut vous rendre plus léger et plus soulagé. Avant qu’il puisse
répondre Didier l’invita à entrer et ferma la porte derrière lui.
Une bonne poignée de mains s’ensuivit. Elle dura ; ils rattrapaient le
temps perdu, ou, plutôt ils comblèrent chaleureusement la séparation par
la longue « empoignade » amicale. Ce qui a été vécu est donc passé et
ne peut plus être présent. Vivre le moment présent dans la paix et dans
la joie c’est ce qui compte vraiment même quand la déception et la
tristesse vous guette. C’est l’eau claire des montagnes qu’on boit pour
apaiser la soif suite à la longue marche sous le soleil brûlant de l’été,
cela vous désaltère à l’instant même, cela vous libère.
- Je suis content de te voir Didier dit-il après que les mains se délièrent,
puis il ajouta :
- Tu as l’air bien installé !
- Ma foi, rétorqua Didier, on essaie de faire tourner la baraque tant bien
que mal.
- Et toi, tu ne m’as pas répondu ? Didier avait ressenti la difficulté que
Nino avait à répondre à cette question. L’infortuné regardant les boîtiers
finit par parler :
- Ah ! Si tu savais, je viens de perdre mon emploi aujourd’hui, le terme «
emploi » sortit difficilement de sa bouche c’était comme si la longueur du
mot était triple. Didier étonné à l’entendre s’écria :
- Fât grisou ! qui est une sorte d’interjection en patois borain rappelant un
peu les vieux mineurs du Borinage s’injurier quand ils étaient surpris. Comme
le gaz du même nom qui surprenait à la vitesse de l’éclair les pauvres
malheureux qui étaient dans la mine et causait des dégâts considérables.
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