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- Mais comment cela s’est-il passé ? demanda-t-il avec consternation
            sachant bien qu’avec les temps qui courent il n’est pas aisé de trouver
            un travail.
            - Oh ! Tu sais maintenant, tu es comme un pion, pour un rien on te
            déplace et pour un rien on te met dehors. Pour moi, par exemple, c’est
            pour raison économique et figures-toi que sous prétexte que la société
            va être transférée à Charleroi, on me licencie parce que je n’ai pas de
            véhicule. Comme si je ne pouvais pas être à l’heure avec les transports
            en commun, c’est un non sens... mais je ne suis pas le patron.
            - Oui, je vois ! Je te souhaite sincèrement bonne chance, tu en auras
            vraiment besoin surtout dans ce qui est administratif, mais j’y pense ; te
            mettre à ton compte cela ne te tenterait pas ?
            - Tu ne crois pas que c’est déjà rempli dans ce domaine ? Et puis avec
            cette pression fiscale exagérée...  rétorqua Nino
            - Ben, tu verras, essaie à l’État on ne sait jamais,  dit-il en terminant sa
            phrase sur une note d’espoir
            - Tu as raison, il faut essayer ; demain est un autre jour.

            En effet, on sait ce qu’on quitte, on ne sait pas ce qu’on trouve.

            Laisser des habitudes qui ont été façonnées pendant des mois, voire des
            années pour ensuite les oublier de gré ou de force ce n’est pas chose
            facile, il faudra s’adapter à de nouvelles, mais à quel prix ? Celui du
            changement, du sacrifice. La société industrielle est en mutation, les
            techniques de tous genres vont plus vite que l’évolution des mentalités,
            la vitesse est rapide. En quatre générations l’humanité est passée du
            cheval au supersonique en passant par le T.G.V. Dans une entreprise où
            il y avait cent personnes il n’y en a plus que vingt suite à l’installation
            de l’informatique.
            Que deviennent les quatre-vingts autres personnes restantes ? Les deux
            hommes le savaient.

            - Didier, fit-il en regardant sa montre, je dois te laisser, j’ai le bus à
            prendre dans quelques minutes et crois-moi le plus dur reste à faire. Je
            t’assure que j’ai du mal parfois à bouger, puis après un moment
            d’hésitation, et pourtant ; il faudra bien. Allez ! À un de ces jours si Dieu



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