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- Voyez-vous M. Traversa, je ne peux vous garder plus longtemps car
pour des raisons économiques je suis contraint de vous remercier. Cela
me fait vraiment de la peine car j’étais content de vous.
Le verdict était tombé. Pendant un moment, un silence planait entre les
deux hommes, un silence lourd chargé d’émoi. Pour cesser ce vide, le
patron reprit :
- La société doit être transférée à Charleroi, cela vous causera des
problèmes de transport étant donné que vous n’avez pas de véhicule.
Voici votre formulaire C4, je ne vous fais pas prester durant le préavis,
ne vous inquiétez pas cela vous sera payé.
Nino prit la parole :
- Vous croyez que je ne sais pas me déplacer et arriver à temps à
Charleroi ? Personnellement cela n’est pas un problème.
- Je ne peux plus vous prendre M. Traversa, vous trouverez sûrement
ailleurs.
- Mais M. Vansedere, vous savez bien qu’à la quarantaine pour moi ce
sera une mission impossible vu la conjoncture actuelle.
- Je suis désolé répéta-t-il et il ajouta :
- Vous êtes libre à partir de maintenant. Ne faisons pas de scandale, si je
ne sais pas, cela est ainsi.
M. Vansedere se leva et lui remit les documents de licenciement. Pour Nino
c’était la fin, la fin de son monde ; le ciel lui tombait sur la tête, un ciel
sombre chargé d’éclairs perturbait sa caboche assommé de coups de
marteau de la part du boss, pot de fer ou pouvoir de fer. Ne fallait-il pas
l’admettre car les faits étaient là ? Le combat était au préalable inégal ; pot
de terre ne pouvant pas résister.
Les larmes n’étaient pas aux yeux, peut-être pour la fierté mais elles étaient
au cœur. Un cœur fatigué, blessé par les canonnades du monde du travail.
Il fallait se mettre à l’évidence. Une série de questions défilaient dans son
cerveau à une allure vertigineuse tout en saluant pour une dernière fois ses
collègues qui lui donnaient quelques encouragements.
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