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huit heures. Et que dire de ces scènes de cirque où tous les jours en fin
            de journée de retour à la maison il devait se déshabiller des pieds à la
            tête, aller pendre ses vêtement dehors sur le séchoir quand il ne pleuvait
            pas. Si la pluie était au rendez-vous c’était à la cave qu’il fallait pendre
            sur un fil tendu d’un mur à l’autre dans le sens de la longueur de la pièce.
            Du lundi au vendredi, toute la famille assistait à ce spectacle comico-
            pathétique où les vêtements étaient innocemment punis, pendus comme
            signe de malédiction. L’acteur lui-même souffrait de ce sort, mais pour
            l’aération et le coup de neuf il fallait passer par là.

            Ce n’était de la malédiction mais bien une bénédiction. Rendez-vous
            compte qu’il partait habillé tout propre pour revenir le soir complètement
            enfumé. N’est-ce pas pire que sale à la limite ?

            Que voulez-vous ? Les contraintes du travail et de son milieu sont
            parfois astreignantes. Faut-il pour cela tout accepter, tout avaler ? C’est
            le cas de dire ! Nino se posait la question ; ce qui était certain c’est que
            c’était pour lui le dernier retour aux parfums de brûlé.

            Heureusement qu’il prenait souvent des places simples de façon à ne
            pas intoxiquer les autres, chemin faisant, les faubourgs de Binche étaient
            en vue, déjà des voyageurs s’étaient levés afin de sortir aux arrêts. Nino
            voulait descendre à l’arrêt Parc juste à l’entrée de la ville quand une idée
            jaillit dans son esprit : « Si j’allais voir Didier Lardinois », une
            connaissance qui depuis quelques années s’était installée à son compte
            dans le domaine de l’informatique. Il prit la décision de descendre à
            l’arrêt qui suit celui du Parc c’est-à-dire au Kursaal quelques trois cents
            mètres plus loin. Aussitôt pensé aussitôt fait.

            Il était 13h.05 ; le bus pour Villers de la ligne 22 passait devant cet arrêt
            à 13h.20, il avait donc plus ou moins vingt minutes. Le tout était de voir
            s’il était là. L’heure étant inhabituelle pour l’ouverture de la boutique. Il
            frappa à la porte vitrée. De l’extérieur, la vitrine était bien achalandée
            de tout ce qui ressortait de matériel informatique.

            Encore une petite charge de coups, après quelques secondes de répit,



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