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cette parcelle, je surplombe le village. On s’est assez amusé ensemble à
reconnaître le moindre objet ou à deviner la silhouette de tel habitant.
Je me trompe ? Je t’envoie mes désirs mais tu ne réponds pas, l’écho
retourne ma voix sans la transmettre. Bon, j’arrête là l’évocation de mes
désirs amoureux.
Cet écho qui se moque de ses peines, de ses joies, de ses appels au
secours. Il crie, il hurle, timidement son cri lui revient en plein visage
un peu atténué tout de même. Lorsqu’il était petit, il pensait du haut de
ses quatre-vingts centimètres, qu’un monsieur caché dans une grotte
là-bas dans la montagne répondait à son appel. « Arrête de copier sur
moi, réponds-moi. » Son grand-père lui avait expliqué ce phénomène
de résonance. Le silence n’intéresse personne, la nature ne le renvoie
pas, elle le garde et vit avec. Danser avec les rires, renvoyer les cris de
joie, ça, elle aime la nature.
- Il faut que je rentre. Excuse-moi de t’avoir dérangé.
- Ah ! Non ! Ne t’excuse pas en plus, ouvre les yeux. Je suis là. Où
es-tu garée ?
- Derrière, je ne voulais pas être vue.
- Tu fais partie du village, de notre vie, de ma vie. Personne ici ne te
portera préjudice par actes ou par paroles. Bordel, tu es si malheureuse
que cela ! Je le déteste encore plus ton prétendu prince charmant.
J’attends tes fax demain ou après-demain.
- Merci, Alban.
Les sanglots dans la voix bloquent son monologue, à cet instant, elle
comprend le long chemin qu’il lui faudra parcourir pour trouver enfin
le bonheur et l’amour.
- Tu as vu mes clefs ? Je les avais laissées sur la tablette ?
- Elles sont dans la poche arrière de mon pantalon.
- Je t’en prie, donne-les moi !
- Tu les prendras toi-même.
Elle frappe du poing sur la tablette.
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