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- Alban, je t’en prie, aide-moi.


            La cascade de larmes qui suivi n’avait rien à envier à celles naturelles
            des montagnes. Tout grands ouverts, les bras d’Alban reçurent le corps
            tremblant de Pauline. Ses cheveux blonds coupés à la garçonne étaient
            tristes, fades. Ils ne ressemblaient à rien, perdue cette féminité qui lui
            allait  si  bien  du  temps  de  son  adolescence.  Amoureusement,  il
            l’embrassa, serra ce corps contre le sien et l’embrassa passionnément.
            Elle répondit à son baiser avec avidité. Elle a trente-cinq ans et elle vit
            son premier baiser d’amour.
            Elle ne trompe pas son mari. Robert et Pauline sont de parfaits étrangers.
            Ce baiser sera sa bouée de sauvetage. Personne ne le saura jamais que
            les palpitations de son cœur.

            - Je t’aime, Pauline, je t’aime tant.
            - Donne-moi en enfant. Je veux être mère.
            - Pas comme cela, je t’aime, je te veux tout entière et rien qu’à moi. Pas
            question  de  te  partager  avec  un  autre.  Je  t’aiderai  puisque  tu  me  le
            demandes. Ma vie n’est pas terminée. Professionnellement, tout va bien de
            mon  côté  et  du  tien ?  Notre  vie  reste  à  construire,  nous  sommes
            responsables de notre bonheur ou de notre désespoir. Je veux consacrer
            chaque seconde à ma femme, en cachette, jamais. Je veux t’aimer en plein
            jour comme un homme amoureux, un amant de chaque seconde. Tu t’es
            écartée de la route, rejoins la ligne droite. Tu dois rentrer, n’oublie jamais
            mon amour pour toi.


            Une dernière fois, il l’enlaça. Elle se sentait bien, détendue, apaisée auprès
            d’Alban, elle ne risquait rien. Ses mains glissèrent dans les poches arrière
            du pantalon, elles étreignirent les fruits de l’amour. Surmontant l’acte
            charnel, il écarta ce corps brûlant de fièvre. Sans attendre le moindre appel
            de Pauline, il ouvrit la porte de son atelier et descendit l’escalier extérieur
            en bois composé de huit marches. Les fondations noires des congères de
            neige étaient aussi tristes que le moral de la femme de sa vie.

            Adossé contre la portière de la voiture bleue de son amie, les bras croisés
            sur sa poitrine, il l’attendait.



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