Page 7 - Mise en page 1
P. 7

les mains posées sur ses cuisses, le crayon de mine serré entre les dents
            comme une pipe, son regard transperça le corps et irradia son cœur.
            Chacun d’eux cherchait les paroles adéquates à la situation.
            - Aide-moi, s’il te plaît ! lança-t-elle à voix basse.
            - Pas gratuitement, je veux être payé en retour.
            - Tu veux de l’argent ?
            -  Sympa  la  confiance.  Cela  fait  toujours  plaisir  à  entendre.  Tu  sais
            parfaitement ce que je désire. Voilà trente-cinq ans que tu joues à l’aveugle.
            Tu n’as même pas la canne.
            - Alban, je t’en prie !


            Une larme trouva la sortie puis une deuxième, une autre encore enfin,
            la cascade se fit réalité.

            - Mon aide peut atteindre quelques minutes ou pas. Je voulais m’offrir
            un café, tu m’accompagnes ? Pauline, il fait moins huit degrés ce matin,
            autant  dire  qu’il  fait  doux,  le  soleil  brille  également  mais  tu  peux
            toutefois fermer la porte. Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te sauter
            dessus, bien que l’envie me titille, affirme Alban.


            La porte en bois enferme le tête-à-tête. La targette accroche le bec de la
            porte.

            - Splendide ton dessin, quelle majesté ? Quelle chance tu as de voler avec
            lui !
            - Il ne tient qu’à toi de m’accompagner, tu le sais. Non !


            La tête basse, elle saisit la tasse de café fumant offerte, posa ses clés de
            voiture  sur  la  tablette  en  bois  et  dégusta  en  silence  ce  moment  de
            bonheur tout simple. Les yeux clos, des larmes coulant sur ses joues.
            Le cœur d’Alban se serra de tristesse en voyant le désespoir de la femme
            qu’il aime et qu’il attend depuis toujours.
            Non qu’il fût un enfant surdoué, ce sont les vieux du village qui avaient
            prédit leur amour. Ils ne s’étaient pas trompés, pour le moment.
            Les familles Petraquin et Simonet, amis depuis la naissance du monde
            se réjouirent de voir leurs familles respectives donner naissance au



                                             11
   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12