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les mains posées sur ses cuisses, le crayon de mine serré entre les dents
comme une pipe, son regard transperça le corps et irradia son cœur.
Chacun d’eux cherchait les paroles adéquates à la situation.
- Aide-moi, s’il te plaît ! lança-t-elle à voix basse.
- Pas gratuitement, je veux être payé en retour.
- Tu veux de l’argent ?
- Sympa la confiance. Cela fait toujours plaisir à entendre. Tu sais
parfaitement ce que je désire. Voilà trente-cinq ans que tu joues à l’aveugle.
Tu n’as même pas la canne.
- Alban, je t’en prie !
Une larme trouva la sortie puis une deuxième, une autre encore enfin,
la cascade se fit réalité.
- Mon aide peut atteindre quelques minutes ou pas. Je voulais m’offrir
un café, tu m’accompagnes ? Pauline, il fait moins huit degrés ce matin,
autant dire qu’il fait doux, le soleil brille également mais tu peux
toutefois fermer la porte. Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te sauter
dessus, bien que l’envie me titille, affirme Alban.
La porte en bois enferme le tête-à-tête. La targette accroche le bec de la
porte.
- Splendide ton dessin, quelle majesté ? Quelle chance tu as de voler avec
lui !
- Il ne tient qu’à toi de m’accompagner, tu le sais. Non !
La tête basse, elle saisit la tasse de café fumant offerte, posa ses clés de
voiture sur la tablette en bois et dégusta en silence ce moment de
bonheur tout simple. Les yeux clos, des larmes coulant sur ses joues.
Le cœur d’Alban se serra de tristesse en voyant le désespoir de la femme
qu’il aime et qu’il attend depuis toujours.
Non qu’il fût un enfant surdoué, ce sont les vieux du village qui avaient
prédit leur amour. Ils ne s’étaient pas trompés, pour le moment.
Les familles Petraquin et Simonet, amis depuis la naissance du monde
se réjouirent de voir leurs familles respectives donner naissance au
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