Page 7 - La guerre des Gaules
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Rhône avait le moins de profondeur, de forcer le passage du fleuve,
quelquefois de jour, plus souvent de nuit ; mais ils se heurtèrent aux
ouvrages de défense, furent repoussés par les attaques et les tirs de
nos soldats, et finirent par renoncer à leur entreprise.
9. Il ne leur restait plus qu'une route, celle qui traversait le territoire
des Séquanes ; ils ne pouvaient, à cause des défilés, s'y engager
sans le consentement de ce peuple. Ne pouvant le persuader à eux
seuls, ils envoient une ambassade à l'Héduen Dumnorix, afin que par
son intercession il leur obtienne le passage. Dumnorix, qui était
populaire et généreux, disposait de la plus forte influence auprès des
Séquanes ; c'était en même temps un ami des Helvètes, parce qu'il
s'était marié dans leur pays, ayant épousé la fille d'Orgétorix ; son
désir de régner le poussait à favoriser les changements politiques, et
il voulait s'attacher le plus de nations possible en leur rendant des
services. Aussi prend-il l'affaire en main : il obtient des Séquanes
qu'ils laissent passer les Helvètes sur leur territoire, et amène les
deux peuples à échanger des otages, les Séquanes s'engageant à
ne pas s'opposer au passage des Helvètes, ceux-ci garantissant que
leur passage s'effectuera sans dommages ni violences.
10. On rapporte à César que les Helvètes se proposent de gagner,
par les territoires des Séquanes et des Héduens, celui des Santons,
qui n'est pas loin de la cité des Tolosates, laquelle fait partie de la
province romaine. Il se rend compte que si les choses se passent
ainsi, ce sera un grand danger pour la province que d'avoir, sur la
frontière d'un pays sans défenses naturelles et très riche en blé, un
peuple belliqueux, hostile aux Romains. Aussi, confiant à son légat
Titus Labiénus le commandement de la ligne fortifiée qu'il avait
établie, il gagne l'Italie par grandes étapes ; il y lève deux légions, en
met en campagne trois autres qui prenaient leurs quartiers d'hiver
autour d'Aquilée, et avec ses cinq légions il se dirige vers la Gaule
ultérieure, en prenant au plus court, à travers les Alpes. Là, les
Centrons, les Graiocèles, les Caturiges, qui avaient occupé les
positions dominantes, essayent d'interdire le passage à son armée.
Parti d'Océlum, qui est la dernière ville de la Gaule citérieure, il
parvient en sept jours, après plusieurs combats victorieux, chez les
Voconces, en Gaule ultérieure ; de là il conduit ses troupes chez les
Allobroges, et des Allobroges chez les Ségusiaves. C'est le premier
peuple qu'on rencontre hors de la province au-delà du Rhône.
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