Page 14 - l_arche_de_zoe
P. 14

Les temps s’annoncent durs pour nous, néanmoins, je reste encore
            quelque peu serein car je sais que je n’ai rien à me reprocher, que
            la mission à laquelle je participe est justifiée par l’urgence et
            légale aux yeux du droit international (voir annexe, courrier de
            Maître Lorenzon). Je partage cette sérénité avec Éric, qui pense
            encore à cet instant que lorsque nous aurons présenté l’ensemble
            des documents prouvant la légalité de notre mission, nous serons
            relâchés et que nous pourrons reprendre le chemin vers l’aéroport
            où nous attendra bientôt l’avion.
            C’est d’ailleurs à cet instant que nous entendons se poser un avion
            qui pourrait fort bien être le nôtre.

            Vers 8h00, Éric se trouve embarqué, seul, pour une destination
            inconnue et personnellement, je n’aime pas cela car j’aurais aimé
            qu’il soit accompagné par l’un d’entre nous par sécurité. Nous
            apprendrons, plus tard, qu’il a été emmené chez le gouverneur
            d’Abéché.
            En ces moments, nous sommes encore préoccupés par quelques
            futilités, comme envoyer l’un de nos chauffeurs acheter une
            cartouche de cigarettes !


             Vers 8h45, les policiers viennent chercher Émilie et Dominique
            « Doudou » sans aucune explication ; je suis de plus en plus
            inquiet car je m’étais attribué dès le début de la mission, le statut
            de garde du corps d’Émilie, même si elle n’avait pas besoin de
            « nounou », étant suffisamment grande pour se protéger elle-
            même. Elle me dira un jour à Adré : « Je me sens plus en sécurité
            avec nos traducteurs noirs, qu’entourée de blancs ! »
            Nous nous trouvons également confrontés à la situation pénible
            des enfants qui commencent à s’impatienter d’être contraints de
            rester dans les véhicules. Face au nombre croissant d’adultes
            étrangers à la mission, qui s’agglutinent et essaient de savoir qui
            sont ces gosses, nous prenons la décision de les laisser à



                                          21
   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19