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Les temps s’annoncent durs pour nous, néanmoins, je reste encore
quelque peu serein car je sais que je n’ai rien à me reprocher, que
la mission à laquelle je participe est justifiée par l’urgence et
légale aux yeux du droit international (voir annexe, courrier de
Maître Lorenzon). Je partage cette sérénité avec Éric, qui pense
encore à cet instant que lorsque nous aurons présenté l’ensemble
des documents prouvant la légalité de notre mission, nous serons
relâchés et que nous pourrons reprendre le chemin vers l’aéroport
où nous attendra bientôt l’avion.
C’est d’ailleurs à cet instant que nous entendons se poser un avion
qui pourrait fort bien être le nôtre.
Vers 8h00, Éric se trouve embarqué, seul, pour une destination
inconnue et personnellement, je n’aime pas cela car j’aurais aimé
qu’il soit accompagné par l’un d’entre nous par sécurité. Nous
apprendrons, plus tard, qu’il a été emmené chez le gouverneur
d’Abéché.
En ces moments, nous sommes encore préoccupés par quelques
futilités, comme envoyer l’un de nos chauffeurs acheter une
cartouche de cigarettes !
Vers 8h45, les policiers viennent chercher Émilie et Dominique
« Doudou » sans aucune explication ; je suis de plus en plus
inquiet car je m’étais attribué dès le début de la mission, le statut
de garde du corps d’Émilie, même si elle n’avait pas besoin de
« nounou », étant suffisamment grande pour se protéger elle-
même. Elle me dira un jour à Adré : « Je me sens plus en sécurité
avec nos traducteurs noirs, qu’entourée de blancs ! »
Nous nous trouvons également confrontés à la situation pénible
des enfants qui commencent à s’impatienter d’être contraints de
rester dans les véhicules. Face au nombre croissant d’adultes
étrangers à la mission, qui s’agglutinent et essaient de savoir qui
sont ces gosses, nous prenons la décision de les laisser à
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