Page 17 - l_arche_de_zoe
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La chaleur étant de plus en plus pénible dans les véhicules pour
les enfants, nous obtenons, après de longs et pénibles palabres, la
possibilité de les garer en utilisant le maximum d’ombre
disponible. La température avoisine les 50° ! Nous en profitons
pour laisser tourner un peu les moteurs afin de bénéficier de l’air
conditionné mais très vite, les gendarmes estimant que l’on pollue
l’atmosphère, nous ordonne de les éteindre ; je me pose encore
la question aujourd’hui sur ce qui pouvait polluer le plus : nos
diesels ou toute cette crasse accumulée depuis des années dans
cette cour, où, visiblement, gendarmes et policiers du cru ne
connaissaient pas les toilettes et encore moins ce qui pourrait
ressembler à des poubelles.
L’interrogatoire d’Éric prend fin. Visiblement les dés sont pipés,
la mécanique bien huilée de la machine judiciaire indépendante
tchadienne se met en route…
Pour l’instant on ne parle que de trafic d’enfants, et d’un crime de
lèse-majesté, c’est-à-dire celui d’avoir omis de mettre au courant
le gouverneur d’Abéché. Ce petit chef galonné semble courroucé
d’avoir été oublié lors de la mise en place administrative de
l’opération, sans doute espérait-il récupérer quelques centaines
de milliers de francs CFA ?
Il n’en demeure pas moins qu’il a rameuté tous ses copains,
ministres, secrétaires d’État, généraux, colonels, bref, toute
l’intelligentsia tchadienne qui, par un heureux hasard, se trouve
être à proximité immédiate d’Abéché. Autant de monde aussi haut
placé, à 750 km de la capitale, tous ces beaux militaires couverts
de médailles si loin de leurs troupes qui surveillent la frontière
soudano tchadienne ? J’ai comme un soupçon sur l’opportunité de
cette présence fortuite !
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