Page 13 - l_arche_de_zoe
P. 13
dizaine de militaires nous attendent, leurs Kalachnikov braquées
sur nous.
Difficilement, nous rangeons nos voitures « à la one again a bis
to fly », comme diraient mes élèves, dans la cour de ce
commissariat encombré de tas d’ordures, de carcasses de
voitures, déjà envahi par plusieurs dizaines de curieux, alors qu’il
n’est que 6h30 et que nous sommes arrêtés depuis 10 minutes à
peine !
C’est ce qu’on appelle, je crois le téléphone arabe. Ou était-ce
prémédité ? Sans doute !
Quelques jours plus tard, dans l’hebdomadaire français
« Marianne », nous lirons que notre secrétaire d’État aux Droits
de l’Homme, Rama Yade, avait averti l’ambassade de France de
notre départ.
Commence alors, ce que j’appellerai plus tard notre Midnight
express, tant les événements vont se succéder à une vitesse et
une intensité telles, que nous n’aurons plus aucune possibilité de
réaction ni même de réflexion, pris dans un tourbillon de
violences psychiques, qui va nous engloutir un peu plus à chaque
instant. La foule se presse devant les grilles du commissariat qui ne
tardent pas à laisser passer un flot de personnes de plus en plus
important, essentiellement constitué d’hommes, dont manifestement
la majorité en tenues traditionnelles, nous verraient avec plaisir
pendus ou égorgés…
Vers 7h00, l’arrivée du préfet d’Abéché traversant la foule qui
crie : « Aux voleurs d’enfants » n’arrange rien, d’autant plus que
les policiers et les gendarmes présents semblent s’amuser de ce
spectacle, certains encourageant les manifestants en participant
eux-mêmes aux agressions verbales, accompagnées de gestes
sans ambiguïté !
20