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panoplie de produits et pour ce qui est du beurre, plus vous en mangez,
plus vous risquez d’avoir du cholestérol.
Le tram se pointait, il s’avançait à vitesse réduite feux allumés. On
entendait à des dizaines de mètres cette quantité de ferrailles
ingénieusement assemblées. La grande machine freina à hauteur de
l’arrêt laissant échapper un cri strident de grincement de fer. Nino monta,
sa montre indiquait 7 h 39.
- Bonjour Monsieur, sa carte d’abonnement hebdomadaire dirigée à la
vue du conducteur.
- Oui, ça va. répondait ce dernier.
Sa tête se tournait vers les places encore libres, il y avait peu de monde.
Un siège près de la fenêtre était inoccupé. Le tram se mit en route pour
Anderlues, une petite cité métallurgique située sur un plateau entre la
région du Centre et celle du Pays Noir. Tout le long du parcours, Nino
regarda d’abord les ombres des dernières maisons, ensuite la campagne
toute grise ; en effet le jour ne s’était pas encore installé. Après avoir
surmonté une côte, la machine toute d’acier s’approcha de la cité
limitrophe, elle devait longer un grand virage avant un arrêt. Quelques
personnes descendirent, d’autres montèrent. « Au Roi des Belges »
c’était le nom du prochain arrêt. Il s’agissait d’une petite auberge tenant
aussi comme lieu de rencontre. Nino descendit en ayant regardé
l’horloge du tram qui lui indiquait 8 h 10. Environ trois cents mètres
devaient être parcourus avant de joindre son lieu de travail ; un bureau de
comptabilité au nom de FINIMO. L’intérieur du local était terne et sombre,
aussi bien le recouvrement du sol qui était une espèce de moquette que les
tapis muraux, le tout étant entouré de vitres épaisses sans aucune fenêtre
d’aération à part la porte d’entrée. Dès qu’on en franchit le seuil, on avait
une impression défavorable de l’odorat à la vue. L’atmosphère était bleutée
par la fumée ; vous aviez déjà la gorge piquée, les plafonds étant assez
bas. La société était tenue par M. Vansedere son administrateur, il venait
une fois sur deux consulter les gros dossiers parfois douteux. C’était un
homme d’une bonne quarantaine d’années, renfermé et très stressé ; le
travail l’avait probablement rendu tel. Auparavant, il était au C.S.T. le
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