Page 21 - mbosie
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promit de respecter à la lettre ses recommandations. Il lui glissa
une enveloppe avec des billets de banque et prit congé du devin.
À peine sorti de la case du sorcier, sa femme qui était venue à sa
rencontre se précipita sur lui, l’embrassa et lui demanda si ça
s’était bien passé ; il lui répondit oui en fermant les yeux pour
ne pas voir le ciel. Quelques centaines de mètres plus loin alors
qu’il marchait le regard rivé sur le sol, sa femme se mit à crier :
« Chéri regarde le gros oiseau qui traverse le ciel ! Jamais je
n’avais vu un toucan si gras ! Au fait est-ce bien un toucan ? »
Sidéré, il leva machinalement les yeux vers le ciel et vit un gros
oiseau mi-toucan, mi-perroquet jamais aperçu auparavant par
ici, qui était en train de disparaître derrière la futaie. « J’ignore
ce que c’est, peut-être un calao », dit-il.
Ils se rendirent chez ses beaux-parents qui venaient souvent faire
de longs séjours dans la maison avec deux appartements et un
studio, qu’il avait fait construire pour son frère et sa sœur et, où
le studio leur avait été attribué. Sa belle-mère avait insistée dès
son arrivée au village pour qu’ils déjeunent avec eux le jour de
son retour à la ville ; le repas, elle l’avait spécialement
confectionné pour lui.
Ô surprise ! Au menu, il y avait de la civette à la sauce noire. Bokito
mangea sans appétit, sans rien dire et quelque peu absent ;
constatant désespérément qu’il venait de transgresser coup sur coup
les trois interdits majeurs qui lui avaient été imposés par le sorcier.
Sa belle-mère s’en inquiéta, elle lui demanda s’il ne se sentait pas
bien ou s’il avait des soucis relatifs à ses responsabilités. Il la
rassura tant bien que mal. Il se posait maintenant des questions sur
ce qui allait se passer. Il ne craignait rien au village où personne
n’oserait s’attaquer à lui ; mais en ville…, dans l’administration, des
jaloux complotaient pour le faire chuter et s’emparer de son poste.
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