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La cuisine équipée de l’électroménager dernier cri meublait
un espace des plus appréciables pour ce travail. Julia, enfant
avait tellement cuisiné à la force du poignet qu’elle en oubliait
aujourd’hui la facilité du pétrissage grâce au robot-mixer.
Contrainte et forcée à cause d’une légère tendinite au poignet,
elle dut se résoudre à utiliser cet ustensile électrique. Mais,
que de vacarme !
Le modernisme n’était-il basé que sur le bruit ? pas étonnant
que le monde n’entendait plus les paroles des hommes !
Donc, en ce début juillet, Quentin œuvrait récoltant le fruit de
son travail. Les moissonneuses batteuses battaient à tout va.
Les bruits insupportables des machines remplaçaient le calme
des champs. Par conséquent les lapins apeurés, les faons qui
avaient élu provisoirement domicile dans les parcelles
ensemencées, terrorisés, détalaient laissant la place aux
monstres mécaniques rouge, jaune ou vert. Les animaux
n’avaient la vie sauve que si la machine infernale travaillait
en ligne droite effectuant des allers et retours à l’infini. Par
malheur, certains humains moissonnaient en rond interdisant
ainsi toute fuite en avant. Combien d’animaux ont-ils ainsi
trouvé la mort lors de la moisson des blés d’or ?
Les moissonneuses donnaient parfois vie à une étincelle lors
du frottement d’un caillou transformant le champ en un
immense brasier. En ce mardi de chaleur intense, la machine
de type Case IH 644 de 60 CV conduite par Quentin s’élança
sur l’avant-dernière parcelle aux épis d’or. La fourrière au
nord du champ déjà récoltée, les tiges transformaient le champ
en un immense hérisson. La trémie remplie de grains déversa,
par la vis de vidange, un torrent de grains dans la petite
remorque Brimont BB6 tirée par le tracteur que conduisait
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